L’histoire du collège

Le collège Georges Brassens

extrait du dossier de la revue Regards n°69 - décembre 2014

Le collège Georges Brassens, conçu au début des années 70 comme un établissement expérimental dans sa pédagogie comme dans sa déclinaison architecturale, présente encore de nombreuses spécificités.

Collège de plain-pied, ouvert au cœur d’un espace arboré, sans grilles le délimitant, il dispose, lors de son ouverture, non seulement d’un des premiers Centres de Documentation et d’Information (CDI) de France mais également d’une véritable salle de spectacle et d’animation. A son origine, la notation n’est pas de mise, les classes portent des noms de couleurs et non des numéros et les enseignants y sont affectés parmi les candidats volontaires pour mettre en œuvre un projet éducatif fondé sur l’autonomie, la responsabilité et le respect de l’élève.

Quarante ans plus tard, en 2014, le collège a vu tripler ses effectifs. Il accueille, cette année, près de 700 élèves encadrés par une cinquantaine d’enseignants. Les notes ont fait leur retour mais la philosophie ayant conduit à la mise en œuvre du projet est toujours présente.

Mme Tarroux, principale du collège, explique :
« L’enseignement doit faire sens pour être efficace et ne peut être assimilé à une accumulation de connaissances. Notre objectif est de mobiliser chaque élève autour d’un projet. Cela permet de lier les enseignements, de les rendre plus concrets, et donc plus accessibles. Dès la 5e, l’élève est impliqué dans un projet : théâtre, développement durable ou encore bilangue avec les échanges avec l’Allemagne. A travers les différentes matières, les enseignants font des liens avec ces projets. Notre volonté est d’être au plus près des élèves, de les faire progresser quel que soit leur niveau et de leur faire comprendre qu’ils peuvent toujours apprendre, y compris lorsqu’ils ont des difficultés. »

Parallèlement aux apprentissages, les élèves travaillent autour d’un socle de 4 valeurs : le respect, l’autonomie, l’investissement et la solidarité. Ces valeurs sont illustrées, au cours d’un projet démarrant avec l’ensemble des 5es lors d’un stage de 2 jours sur la base de loisirs de Trémelin. Durant ce séjour sportif et convivial, des objectifs individualisés sont donnés à chaque enfant, au regard des activités pratiquées (escalade, accrobranche et canoé). Ces critères sont ensuite déclinés dans toutes les matières.

« Il s’agit, avant tout, de dynamiser la progression de l’élève en lui permettant de comprendre de façon très concrète quels sont ses axes de progrès et comment y parvenir. Nous ne disons pas à un élève qu’il n’est pas autonome mais que telle action entreprise révèle un manque d’autonomie. Ce n’est pas l’élève qui est évalué mais sa capacité, à un instant T, à atteindre l’objectif. A travers ces exemples quotidiens, les collégiens saisissent l’intérêt de ces valeurs et leurs fonctions dans une vie en société. Nous les préparons à devenir des citoyens actifs. Pour cela, ils doivent maîtriser les codes. »

La spécificité, très visible, du collège de Le Rheu, est qu’il est ouvert. « Les élèves et l’ensemble de la communauté éducative sont attachés à l’absence de délimitation matérialisée. Cela engendre, a priori, un rapport de confiance dans la relation entre élèves et adultes et invite ces premiers à travailler sur leur savoir-être. Ils connaissent les limites virtuelles de l’établissement et savent qu’il y aura sanction s’il y a transgression. Chez les adolescents, cela constitue une étape initiatique dans leur construction et dans l’apprentissage du respect des règles, de leur responsabilité et de leur autonomie », explique M. Gaillard, Conseiller Principal d’Education.

Le collège est également ouvert à l’international. Des échanges et séjours sont organisés avec l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne et depuis plus de 20 ans, des actions de solidarité sont entreprises en faveur du Mali.

Fidèle à l’ambition de ses origines, le collège demeure aujourd’hui à la pointe des initiatives : outre les séjours et échanges à l’étranger, il a obtenu un label environnemental ainsi que le 1er prix national du meilleur journal des collégiens, et propose un service numérique performant à l’attention des élèves et des parents.

LES POTINS D’ABORD décrochent le premier prix des journaux scolaires.

16 pages, 900 exemplaires par an, 16 ans d’ancienneté : le journal Les Potins d’abord joue dans la cour des grands ! Primé lors du concours national Kaléidoscope, le journal est réalisé par un groupe d’une vingtaine d’élèves de la 6e à la 3e. Rédaction, dessin, photographie, tous les talents sont mis en valeur à travers différentes rubriques. « Le journal a vocation à aborder l’actualité et les projets du collège, les élèves pouvant également évoquer d’autres sujets de leur choix. Certaines rubriques sont conçues de façon ludique : l’interview de professeurs, le romanphoto, l’actualité sportive… », explique Sébastien Cordrie, professeur documentaliste à l’origine de ce support.

Depuis 7 ans, le blog des Potins d’abord permet de trouver des inédits, des photographies, des archives : une vraie caverne d’Ali Baba.

Pour en savoir plus : lespotinsdabord.canalblog.com

Le collège de Le Rheu, une histoire singulière

Au lancement des travaux de construction du collège, en avril 1974, Le Rheu compte 4000 habitants.

A cette époque, la maîtrise d’ouvrage de la construction est quasi systématiquement assurée par l’Etat.

Le 27 juillet 1972, le Conseil municipal décide que la commune a le devoir d’assurer elle-même la maîtrise d’ouvrage. Le Maire, Jean Auvergne, dans le prolongement de son prédécesseur Jean Châtel qui est également vice-président du Conseil général, exprime le souhait que le collège soit inscrit parmi les réalisations expérimentales destinées à promouvoir une pédagogie nouvelle et demande qu’une équipe d’enseignants lui soit associée pour participer à la conception du programme de construction.

Le Recteur d’académie, dans le cadre de ses pouvoirs en matière de programmes pédagogiques, apporte un appui volontariste à la municipalité. L’ingénieur conseil du rectorat, l’Inspecteur d’académie ainsi que l’administration préfectorale apportent leur concours et leur aide à la mise en œuvre de ce projet expérimental.

La décision est prise de bâtir le futur collège sur un terrain situé en centre bourg car il s’inscrit dans le cadre d’un projet socio-éducatif global dont il a vocation à devenir un pôle central d’animation. Un centre socio-culturel, la bibliothèque, la maison des jeunes, une structure petite-enfance, la résidence pour personnes âgées sont les autres composantes de ce projet d’ensemble, dont une partie sera réalisée au cours des mandats suivants.

La municipalité anticipe le développement à venir de la commune et décide de dimensionner le collège dans la perspective d’un doublement du nombre d’habitants. Elle estime que, dans les décennies à venir, les salariés aspireront à un temps libre plus important qui leur permettra d’accéder plus largement aux loisirs et à la culture. C’est ce qui la conduit à imaginer, pour le collège, une fonction plus vaste que celle de sa mission éducative et scolaire. Un forum ayant vocation à accueillir des expositions permanentes est construit au sein de l’établissement ainsi qu’une salle de spectacle et d’animation, aujourd’hui encore largement utilisée par les différents acteurs associatifs de la commune.

La philosophie du projet se fonde sur une définition renouvelée de l’Ecole, lieu de vie sociale et culturelle. L’équipement comprend des dispositifs audio-visuels de pointe avec sonorisation du forum et des zones de circulation, équipement cinéma complet, laboratoire photo et de langues de 18 cabines, équipement d’un vaste Centre de Documentation et d’Information (CDI) et de 12 salles en projecteurs, magnétophones, écrans, platines.

Pour que le bâtiment puisse s’adapter, à coût réduit, aux évolutions prévisibles des méthodes pédagogiques, la conception architecturale intègre la mise en œuvre de cloisons démontables, des circuits électriques et de chauffage dissociés des cloisons permettant une flexibilité maximale sur les trois quarts du bâtiment.

Le projet prévoit une mise en service à la rentrée 1974. Les travaux du collège débutent en avril 1974. Le 16 septembre de la même année, 225 enfants y font leur rentrée.

Le Collège à l’heure du numérique

Oubliée l’attente parfois stressante du bulletin de notes à présenter aux parents, finie l’excuse du « j’ai oublié de le noter dans mon cahier de texte » : à l’heure du numérique, parents, élèves et professeurs bénéficient d’un espace de travail connecté et partagé. Notes, pointage des absences, cahier de texte, documents en ligne, état d’avancement dans le programme scolaire : la vie à Georges Brassens n’a plus de secret pour les parents qui sont associés tout au long de l’année à l’évolution de leurs enfants.

Au-delà de l’aspect collaboratif, internet permet également de se tenir informé de l’actualité de l’établissement, des activités pédagogiques et des réunions, grâce au site web du collège et à son compte Twitter ainsi qu’aux SMS d’information envoyés aux parents.

Pour en savoir plus : site : college-georgesbrassens-lerheu.ac-rennes.fr
Twitter : twitter.com/CollegeLeRheu pour ceux qui n’ont pas de compte
ou @CollegeLeRheu pour les autres

Le projet bilangue inscrit dans le cadre du jumelage Le Rheu-Grasbrunn

Le collège Georges Brassens propose un projet bilangue anglais-allemand dès la classe de 6e. Des séjours en Allemagne étaient régulièrement organisés par les enseignants, mais en 2012, le collège a souhaité établir un contact pérenne avec un établissement allemand.

« Nous nous sommes naturellement tournés vers le Comité de jumelage Le Rheu-Grasbrunn. M. Fournier, son président, et son homologue allemande nous ont mis en contact avec le nouvel établissement de Kirchseeon. Il s’agit d’un collège-lycée accueillant les enfants du CM2 à la terminale. L’échange a débuté lors de l’année scolaire 2013-2014 et se poursuit avec les classes de 3e. Plusieurs élèves se sont déjà fait des amis et envisagent de retourner voir leur correspondant pour des échanges plus longs. Le projet s’inscrit dans un cadre pédagogique pluridisciplinaire : au-delà de la pratique de la langue, c’est toute une période historique douloureuse de la région de Munich que découvrent sur place les élèves, avec la visite du camp de concentration de Dachau, thème faisant l’objet du programme d’histoire de 3e. Il s’agit aussi de découvrir l’Allemagne d’aujourd’hui, de renforcer les contacts entre les élèves de nos deux pays et d’apporter une modeste contribution à l’amitié entre nos deux peuples. Cette année marquait les 40 ans du collège mais également les 40 ans des prémices du jumelage entre Le Rheu et Grasbrünn » explique M. Esseul, professeur d’anglais et d’allemand, pilote du projet.

Les collégiens ont ainsi pu découvrir la vie quotidienne d’une famille allemande et les traditions bavaroises, le séjour s’étant déroulé lors d’une période de festivités. L’échange permet aux élèves de passer au total 20 jours au contact les uns des autres.

Extraits d’interviews du Journal Les Potins d’Abord

Entretien en 2011 avec Gilles Ferragu qui enseignait l’espagnol au collège depuis 1977.

Comment trouvez-vous les élèves aujourd’hui par rapport à avant ? Alors si on compare avec la fin des années 70 quand j’ai commencé ici ils sont restés les mêmes. Ils sont ouverts et communiquent facilement. On n’a pas plus d’élèves difficiles qu’avant.

Quelles sont les grandes différences alors entre le collège d’aujour’hui et celui des débuts ? Il y a eu de très gros efforts de faits sur le plan matériel : l’étanchéïté du toit, les fenêtres, la moquette, la mise en conformité du système électrique, la mise en place d’un réseau informatique, l’amélioration de la salle polyvalente (qui était bruyante avec de petites chaises en plastique), le double plafond… On a vraiment gagné en confort. Le collège de 2008 ne resemble plus à celui d’il y a trente ans.

Combien de professeurs y travaillaient ? Une trentaine à peu près.

Quels étaient vos système pédagogiques ? Beaucoup de concertations ! Les enseignants se voyaient beaucoup après les cours, en équipe, pour organiser le travail. En mathématiques, trois ou quatre enseignants enseignaient mais faisaient aussi de la recherche. Ils travaillaient par groupes de niveaux. Quand les élèves étaient trop faibles on les regroupait avec ceux d’autres classes pour les faire progresser. Il y avait aussi le travail avec le CDI. Au départ, c’était vraiment nouveau pour les enseignants. Les collègues n’étaient ni formés, ni habitués à faire faire des recherches à leurs élèves. Il y a eu un très gros travail de fait par les professeurs d’histoire qui n’avait été fait nulle part ailleurs. Le collège était de ce point de vue un établissement pilote.

Les élèves faisaient également beaucoup de théâtre et d’expression orale. La salle polyvalente était presque tout le temps occupée. Ce qui fait que nos élèves avaient acquis une certaine facilité à l’oral qui a peut être été parfois mal perçue par nos collègues des lycées qui n’étaient pas habitués à voir des élèves s’exprimer aussi facilement, prendre la parole, intervenir… Nos élèves ont parfois été perçus comme des extraterrestres ! Ceci dit, je pense que dans leur vie, plus tard, ça leur a permis d’avoir moins d’inhibitions, moins de blocages par rapport à l’oral. Tout ce travail était centré sur l’élève, sur son autonomie, sur sa capacité à faire des recherches et tout ça à l’époque était très nouveau. C’était plus difficile à gérer parceque ça bougeait beaucoup, ça faisait du bruit mais en même temps on avait avec les élèves une certaine aisance.

Quelles étaient les matières qui n’existaient pas ? Les arts plastiques. Les parents d’élèves avaient manifesté pour qu’il y en ait. Il n’y avait pas d’Italien non plus en revanche il y avait du russe ! Il y avait aussi des élèves qui faisaient de la cuisine, de la menuiserie, de la couture et de l’horticulture. Cette section, la Segpa, était géré par des instituteurs spécialisés. Elle n’existe plus à présent.

Comment trouvez-vous ce système sans clôture ? C’est une particularité du collège, je suis très attaché à ce symbole. Cela veut dire que le collège est en communauté avec la ville, qu’il est ouvert, qu’il n’y a pas de ghetto, de parc pour séparer les gens. Je trouve ça bien de voir passer les mamans avec des poussettes ou même des jeunes qui passent par là. En même temps c’est un apprentissage pour les élèves qui doivent apprendre les limites. Il n’y a pas pas besoin de barrières pour qu’ils le comprennent. Et on n’est pas non plus envahi par des indésirables. Ceci dit, ce n’est pas toujours facile à gérer car il peut y avoir des dégradations.

Pourquoi avez-vous voulu devenir professeur ? Peut être parce que j’avais souffert en tant qu’élève et que j’ai souhaité faire autrement

Entretien en 2010 avec Christiane Gugenheim, enseignante d’allemand dès les débuts du collège.

  • Quels sont vos souvenirs des débuts du collège ? Quand je suis arrivée, le collège avait déjà cinq années de fonctionnement. Il faut savoir qu’il avait à cette époque une assez mauvaise réputation parce qu’il était expérimental et que les élèves du Rheu connaissaient par la suite des difficultés à s’adapter au lycée. Par exemple, il n’y avait pas de notes. L’idée, c’était d’insister sur ce qui était bon plutôt que sur ce qui n’allait pas. Même si l’expérience était riche, le revers de la médaille, c’est que les élèves ne savaient pas situer leur niveau. Ils ne se rendaient compte qu’au lycée de leurs difficultés. C’est la raison pour laquelle j’essayais de leur donner quand même des repères.
  • En quelle année ont-ils commencé à mettre des notes ? A partir du deuxième trimestre de l’année 1985/86. Ce qui s’est produit, c’est que malgré les équipements très modernes qu’il y avait ici, comme le centre de documentation, une salle polyvalente, etc… il y avait quand même des problèmes de vol et de dégradations diverses. Suite à ça, les professeurs se sont réunis pour décider du maintien ou non du fonctionnement notamment sur la question des salles non fermées à clés et sur la notation. A cette époque, il y avait des concertations générales tous les trimestres et ça s’empoignait !!! Les enseignants n’étaient pas d’accord entre eux. Il faut bien comprendre que le collège au départ était réservé aux enseignants qui souhaitaient aller dans un collège expérimental. Après quelques années, sont arrivés des enseignants qui préféraient un enseignement « classique ». Il y a alors eu des frictions.
  • Et les notes ont été rétablies ? Oui, il a été décidé alors de revenir aux notes mais accompagnées de commentaires. Il s’agissait de prendre en compte les progrès et de les mettre en évidence. Jamais de notes sèches. Personnellement, j’ai toujours pensé qu’il ne fallait pas que les élèves soient informés des notes de leur camarade car une note, un 8/20 par exemple, ne veut rien dire en soit. C’est peut-être une note significative de grand progrès pour celui qui la reçoit.
  • Et les portes ont-elles été fermées ? Oui. Ces mêmes années, il a été décidé de fermer les portes et armoires à clef.
  • C’était trop libre avant ? Il faut dire aussi que l’établissement a vu son nombre d’élèves augmenter rapidement et qu’on ne peut pas faire les mêmes choses avec deux classes et avec 20. Et même si beaucoup de gens, professeurs, comme parents et élèves demandaient à ce qu’il y ait davantage d’ordre, ils avaient aussi conscience de ce dont continuaient à bénéficier les élèves du Rheu. Par exemple le théâtre dans la salle polyvalente, l’informatisation précoce de l’établissement ou la bibliothèque qui était très bien achalandée.
  • Qu’est-ce qui était différent encore ? Il n’y avait pas de CPE. Il y avait aussi des expérimentations en langues.
  • C’est-à-dire ? Comme les classes étaient limitées à 20 élèves, on avait des meubles, de couleur orange, dotés de magnétophone, qui servaient à écouter des cassettes. C’ était le cas en allemand. Il y avait aussi un laboratoire de langues dont se servaient surtout les collègues d’anglais. Les élèves d’allemand écoutaient la cassette chez eux ou au CDI pour ceux qui n’avaient pas de magnétophone chez eux. Sinon, il y avait une SEGA.
  • Qu’est-ce que c’est, la SEGPA ? Il n’y avait pas de SEGPA dans tous les collèges. C’était une section où se trouvaient réunis des élèves qui préféraient les activités manuelles. Ils travaillaient beaucoup en atelier, à faire de la cuisine, du jardinage… Il y avait des instituteurs qui venaient leur donner des cours. La SEGPA avait son propre directeur. C’est quand la SEGPA a été fermée que s’est fait le réaménagement des locaux.
  • Quels aménagements ? Les salles des institutrices (R21 et 23) ont été attribuées à des professeurs d’H.G et de français. Par ailleurs, la disparition du bureau du directeur de la SEGPA a entraîné des changements dans les locaux administratifs. Par exemple, la salle des conseils servait de secrétariat, le bureau du principal était là où se trouve le secrétariat actuel. L’intendant, M. Belliard à l’époque, était installé dans l’ancienne petite salle fumeur. Et la salle des professeurs se trouvait là où sont actuellement le secrétariat et le bureau de Mme Dando. Le CDI était organisé de façon très différente. Il a d’ailleurs été réaménagé deux ou trois fois du temps de Mme Jolif, la première documentaliste.
  • Et puis il n’y avait pas de grilles autour du collège… Oui, l’établissement était surprenant quand on y arrivait. Vous ne pouvez pas vous en rendre compte aujourd’hui mais le collège était entouré de nature, de vergers. Et il n’y avait effectivement aucune clôture.
  • Les élèves en profitaient pour sortir ? Non, ils respectaient les limites virtuelles. C’est vrai que le collège était ouvert, mais les élèves ne franchissaient pas les limites de l’établissement.
  • Est-ce qu’il y a eu des volontés, de la part d’enseignants ou de parents, de mettre des grilles ? Non, jamais. Il y a eu des désaccords sur beaucoup de sujets, mais personne n’a jamais réclamé de mettre des grilles.

Entretien en 2010 avec P. E. Galland qui est aujourd’hui journaliste professionnel, mais qui a fait ses débuts au collège G. Brassens au milieu des années 80 alors qu’il habitait au Rheu (c’est même le seul enfant de sa génération né au Rheu). Il avait 13 ans quand il a fait ses premiers pas de journaliste avec David Duval un copain à lui. Mais ça n’a pas été facile !

Comment ont commencé vos débuts de journalistes ? De mémoire c’était un jour où j’étais enfermé dans ma chambre à cause de la neige dehors, et je me suis mis à écrire un journal qui parlait de nos jouets et de la télé. Mon copain David et moi, on avait la même passion, ce qui nous a amené à créer un journal : L’écho. (A l’époque, ça n’existait pas les journaux de collège NDLR). Avec ce projet de journal on a fait des interviews (une chaine de télé) et aussi des sondages, notre spécialité ! L’article qui nous a marqué, ce fut sur les Restos du coeur. On est aussi allé à l’aéroport de St Jacques de la Lande. Mais les avions et moi, ça faisait deux. Il y avait aussi le docteur du Rheu qu’on allait voir. On trouvait dans le journal des affaires nationales de nos “cousins” des Pays-Bas. Après notre boulot de rédacteur, nous devions faire les reliures du journal manuellement avec un meuble en bois, nous installions les feuilles et nous les relions avec de la colle, de la cire. C’était artisanal ! Mais passionnant !! Mais tout ça se faisait en dehors du collège.

Vous n’étiez pas bien vu à l’époque en tant que journalistes collégiens ? Oui c’est vrai. Pour un collégien faire du volley, d’accord, mais un journal… On avait le droit de faire un journal mais en dehors du collège seulement et sans y préciser que nous étions du collège. Ça faisait vraiment peur aux adultes à l’époque ! La presse à l’école n’avait pas encore commencé. Un jour, un journaliste de Ouest France nous a contacté pour nous parler du festival de journalistes jeune Scoop en stock. On l’a rencontré aux limites du collège. Nous avons finis dans le bureau du principal et on s’est pris un savon ce jour-là. Mais au final, quelques temps plus tard, les adultes se sont rendus compte que c’était une bonne idée. Et le journal fait par M. Gaillard deux ans plus tard : « L’écho de Brassens » est venu comme un écho à nos premiers journaux.

Entretien M. Cariou et Mme Roignant (professeurs de technologie) à l’occasion des 40 ans du collège, en 2014

Depuis combien de temps êtes-vous au collège ? Mme Roignant : « Je suis arrivée à la rentrée 1984 (il y a 30 ans ). » M. Cariou : « Je suis arrivé à la rentrée 1982 ( il y a 32 ans ). »

Dans combien de collèges avez-vous travaillé avant celui-ci ? « J’ai travaillé dans quatre collèges, avant celui-là. » « J’ai travaillé dans pas mal de collèges car avant d’être titulaire j’étais maître auxiliaire (donc pas rattaché à un établissement en particulier NDLR) »

Y-a-t’il eu des changements au niveau de votre travail depuis que vous êtes arrivé ? M. Cariou et Mme Roignant : « Oui, beaucoup. On enseignait l’Education Manuelle et Technique (EMT) : menuiserie, cuisine, couture, mécanique…En 1985, il y a eu des modifications de salles. « Du fait de cette évolution du métier j’ai fait un stage de formation d’un an de 1984 à 1985. » « J’ai fait mon stage de 1986 à 1987. » « Ce stage nous a formé à nos nouvelles fonctions puis nous avons mis en place les nouveaux programmes. En 1986, nous avons reçu des machines à écrire électroniques et notre premier ordinateur. »

Est-ce-que le comportement des élèves a changé depuis votre arrivée ? « Un peu. Dans ce collège le changement est moins visible que dans d’autres collèges, ici nous avons la chance d’avoir des collégiens gentils, à l’exception de certains. » « Nous avons travaillé ensemble dès le début avec Mme Montfort, comme ça les élèves savent qu’ils travailleront de la même façon tout au long de leur scolarité au collège. »

Est-ce-que l’arrivée de l’informatique a été une chose positive dans votre travail ? Pourquoi ? « Nous avons découvert l’électronique un peu avant les élèves. C’est intéressant car notre programme change selon la technologie. »

Entretien 2011 avec Mme Faisnel, professeur de français à Georges Brassens depuis ses débuts.

Depuis combien de temps êtes-vous au collège ? Depuis 35 ans environ………. Eh oui !

Avez-vous vu des différences entre l’année où vous êtes arrivée et maintenant ? Si oui, lesquelles ? La principale différence est le nombre de classes et donc d’élèves. Quand je suis arrivée, il n’y avait que des 6es et des 5es. J’ai ainsi inauguré le niveau 4e. Du même coup, le collège était silencieux ! On formait comme une grande famille : tout le monde connaissait tout le monde.

Est-ce que le programme de français a changé ? Ce programme a changé maintes fois, au gré des ministres successifs.

Pensez-vous que les élèves lisaient plus ? Non, ils ne lisaient pas plus. Au contraire. Il y avait beaucoup moins de collections et d’auteurs pour la jeunesse. Et on insistait beaucoup moins sur l’importance des livres et du plaisir de lire.

Vous fréquentez très souvent le CDI avec vos classes. Comment a-t-il évolué ? Le CDI s’est agrandi et enrichi au fil des années. Il constitue un trésor inestimable dans ce collège. J’ai toujours répété que vous, les élèves, vous aviez une chance inouïe de pouvoir le fréquenter autant. Profitez-en !

Entretien en 2011 avec Alain Bernardé et Jean-Yves Riou, professeurs d’histoire au collège depuis de nombreuses années

Quels sont vos meilleurs souvenir ? J.Y Riou : Je me rappelle que lors d’une sortie à Paris, nous étions allés voir un spectacle avec une classe de 3e. Au moment de nous installer, nous nous sommes rendus compte que nous étions très mal placés et que cela ne correspondait pas au prix payé par les élèves. J’ai demandé à l’hôtesse que l’on soit correctement placé, ce qu’elle a fini par accepter bien que très difficilement. Les élèves, témoins de la scène, alors que le spectacle n’était pas encore commencé, ont applaudi pour marquer leur approbation. Cette scène est restée gravé dans mon esprit. Les remises des prix du concours de la résistance auxquelles nous avons participé trois ou quatre fois furent des moments privilégiés dans lesquels on peut montrer à quoi sert un prof d’histoire, quel est son rôle. Sinon, les satisfactions d’un enseignants sont quotidiennes, faites de petits riens, d’impression. Le constat ont peut le faire chaque jour et en fin d’année. Occasionnellement, certains parents m’ont réconforté dans mon rôle d’enseignants. Parfois relatant le parcours de leurs enfant s que j’avais eu il ya 20/25 ans. Cela fait toujours plaisir.

A. Bernardé : Le moment des rentrées ! Retrouver les élèves, les visages, leurs sourires. La découverte de nouveaux élèves. C’était un bonheur que de rentrer et de découvrir ses classes. Les sorties à Carnac, tous les ans, avec les sixièmes, étaient aussi l’occasion de créer un lien privilégié avec la classe. Un moment fort. Egalement, lors du retour d’une sortie à Paris avec des 3es, en novembre 89, on a appris la chute du mur de Berlin à la radio. Il y a quelque chose qui s’est passé dans le car à ce moment-là, les élèves avaient conscience de l’importance de ce qui se passait en Allemagne. Enfin, l’échange avec les élèves de Russie. C’était en 1990, 91, 92, dans ces années-là, on a reçu des adolescents et des profs de Moscou et on est allés là-bas. On a découvert un peuple hyper accueillant, comme je n’en n’ai jamais connu autrement en Europe. Ils découvraient ce qu’étaient des occidentaux. C’était un monde qui s’ouvrait pour eux.

EN 2011, entretien avec quatre agents arrivés dans les années 80/90.

On a interrogé Jeanine Bloutin qui est arrivée en 1976, un an après l’ouverture, qui a fait la plus grande partie de sa carrière en cuisine et qui travaille aux labos et à la plonge en remplacement d’Annick Bouetel. Jean-François Thébault, qui a toujours exercé comme agent d’entretien et qui est arrivé en 1989. Jérôme Corbi, arrivé en 1990 en cuisine également et Romuald Guittier qui depuis 1995 est chef de cuisine.

A quoi ressemblait le collège à votre arrivée ? Jeanine et Jean-François : C’était la pleine campagne. Le collège était entouré de champs avec des vaches et des fermes. Il n’y avait pas tous les bâtiments qu’on voit maintenant. Il y avait une serre qui appartenait à la commune et où les professeurs de segpa, M. Montembeault notamment, faisaient des plantations.

Et intérieurement, le collège a changé ? Jean-François, Jeanine, Romuald et Jérôme : Oui. L’atelier s’est installé à la place de l’atelier menuiserie qu’utilisaient les élèves de segpa. Il y avait aussi un atelier couture là où se trouve maintenant l’art plastique. L’alimentaire était stocké au sous sol. Jérôme : Il n’y avait pas de casiers. Ni d’informatique. Jean-François : Les cloisons changeaient tout le temps de place comme elles étaient amovibles. Le CDI, la salle des profs, les salles de la direction et de l’administration : tout ça changeait de taille et de forme régulièrement. Cette modularité s’est arrêtée quand on a fait les faux plafonds. Depuis, on gère les problèmes tels qu’ils arrivent. Ce collège c’est un collège rustine, il n’y a jamais eu de restructuration générale. Romuald : En cuisine, c’est pareil. Il y a eu beaucoup de changements et d’achats de matériel mais pas de changements de la structure même de la cuisine.

Côté personnels, vous avez dû voir beaucoup de changements en cuisine ? Romuald, Jeanine et Jérôme : Avant il y a eu M. Le Bon, Georgette et Philippe ! Pendant longtemps, l’équipe était surtout féminine. Jérôme et Jean-François faisaient parti des rares hommes chez les agents.

Les élèves ont changé aussi ? Jean-François, Jeanine et Jérôme : Il y avait la population des élèves de segpa qui faisaient de la cuisine et de la menuiserie avec leurs professeurs. Cette section a disparu ensuite. Jeanine et Jean-François : A partir du moment où il y a eu des habitations autour du collège, il y a eu l’arrivée d’une petite délinquance. Tous : Il y a moins de respect depuis quelques années de la part des élèves. Romuald : En cuisine, c’est visible. Il y a plus de consommations jetables comme le fromage par exemple et plus de gaspillage par la force des choses. Les élèves sont de plus en plus habitués à du prémâché. Par contre, ils ont toujours aimé le sucre et les féculents ! Mais c’est notre rôle de les sensibiliser à des valeurs auxquelles pour certains, ils finissent par adhérer : ne pas gaspiller, diversifier sa nourriture… On leur propose beaucoup plus de fruits et de légumes, des crudités, aujourd’hui qu’avant.

Votre métier a beaucoup évolué ? Tous : Oui. Mais surtout dans les normes de sécurité. En électricité par exemple. Tout est hyper sécurisé aujourd’hui. C’était loin d’être le cas à l’époque. Pareil pour l’alimentation et les règles d’hygiène en cuisine. C’est devenu très strict. Il n’y avait pas de coiffe. Un fermier venait chercher les restes pour les donner à ses cochons !!! En lingerie, la lingère étendait son linge, etc… C’était folklo. (rires)

Votre statut a changé également ? Tous : Oui, avec le passage à la fonction territoriale. Il y a de bons et de mauvais aspects. On pourrait en parler pendant des heures ! Tout le monde n’est pas d’accord.

D’autres souvenirs ? Jean-François : J’ai un bon souvenir des actions théâtre. En 2003, comme j’en faisais moi-même, je suis intervenu dans les classes de 3e de Paul Phocas pour jouer des bouts de scène du Grand Cahier d’Agota Kristof. J’expliquais la mise en scène, le jeu d’acteur. Tout ça avant une représentation de notre troupe devant les élèves. Et en 2004, j’ai mis en scène un texte écrit par les 3es tamaris et azur de Yves Daniel et joué par les élèves au collège. Jérôme et Jeanine : le départ de Georgette et de M. Briot agent chef et de tous les agents retraités, les voyages en Auvergne avec M. Hubert et Mme Coco qui sont partis en retraite, la suite a été prise par Mme Sagot et M. Dulat. Jeanine : Lors des départs en retraite, je me souviens de Marie-Andrée qui s’occupait des réceptions et toutes les deux on prenait plaisir à réaliser des compositions florales. Romuald : C’est toujours difficile de voir partir des gens avec qui on a bien bossé. Mais le collège est un lieu de vie. Personnellement, je m’y sens bien.

En 2010, entretien avec Mme Thommerot (Accueil) et Mme Lefeuvre (Secrétariat) deux autres pionnières du collège de témoigner. Mme Thommerot est responsable des renseignements à l’accueil du collège et Mme Lefeuvre est secrétaire de direction. Toutes deux étaient déjà présentes à l’ouverture de G. Brassens.

  • Depuis combien de temps êtes-vous dans le collège ? Mme Thommerot : Je suis rentrée au collège en septembre 1975. J’ai fait alors trois ans en cuisine et en 1978, j’ai pris le poste à l’accueil.

Mme Lefeuvre : J’ai fait l’ouverture en 1974 et j’y ai travaillé jusqu’en 1983 avant de partir puis d’y revenir en 2003.

  • En quoi consiste votre travail ? Mme Thommerot : A répondre au téléphone, aller chercher le courrier tous les matins à la poste, le trier et le distribuer dans les bureaux concernés. A vérifier tous les soirs la fermeture des volets, fenêtres et portes de toutes les salles, faire du ménage, à diriger les parents ou tout visiteur vers les bureaux demandés.

Mme Lefeuvre : Je suis au secrétariat de direction. Je gère principalement le personnel enseignant. Dans le secteur élèves, je m’occupe des inscriptions des élèves de 3 èmes au DNB, des stages, des inscriptions à l’ASSR…tâches diverses et variées.

  • Pourquoi avez-vous choisi ce travail ? Mme Thommerot : On m’a proposé ce poste et je l’ai accepté. Mme Lefeuvre : Le collège était au départ géré par la municipalité pendant les deux premières années et c’est elle qui effectuait le recrutement du personnel administratif et des agents. C’est ainsi que j’ai obtenu le poste.
  • Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ? Mme Thommerot : J’aime beaucoup le contact. Les premières années, je discutais beaucoup plus avec les élèves que maintenant. Mme Lefeuvre : J’aime bien le contact avec les élèves, les parents, le personnel…
  • Avez-vous fait d’autres métiers ? Mme Thommerot : Oui, j’étais vendeuse en boulangerie pendant 3 ans et avant j’étais en crémerie en région parisienne.

Mme Lefeuvre : Non, mais j’ai travaillé à la faculté et au rectorat.

  • Avez-vous travaillé dans un autre collège ? Mme Thommerot : Non, c’est le premier et dernier collège où j’ai travaillé !

Mme Lefeuvre : Oui, au collège Anne de Bretagne au service intendance.

  • Quels sont vos souvenirs des débuts ? Mme Thommerot : Je me souviens des bons moments passés avec certains élèves dans les premières années au collége, des départs en retraite de mes collègues pour lesquels je garde de très bons souvenirs.

Mme Lefeuvre : C’était une ambiance conviviale. Il y avait très peu de personnel à l’époque. On se connaissait tous très bien. La plupart débutaient leur carrière. On était tous jeunes et beaux !

  • Qu’est-ce qui a changé le plus depuis cette époque selon vous ? Mme Thommerot : il y avait peut-être plus de convivialité, de proximité entre les élèves et nous. Même les parents restaient discuter avec nous. Il y avait aussi les élèves de SEGPA qui étaient très attachants, qui venaient souvent à la loge discuter avec moi. Sinon, le grand forum était tout en moquette, il fallait le shampooiner chaque vacances. Dans l’ensemble, il n’y a pas eu de grands changements.

Mme Lefeuvre : Il y a eu une restructuration des salles. Le plan n’est plus le même. Il y avait un labo de langues. Il n’y avait pas de salle multimédia. Le collège n’était pas clôturé et est toujours resté ouvert sur la commune. Les enfants actuels ne sont pas plus indisciplinés qu’il y a 35 ans !

En 2012, entretien avec Michel Gaillard, CPE longtemps emblématique de l’esprit Brassens : ouverture et tolérance. Michel Gaillard, est arrivé au collège en 1987. Son arrivée marque également la création de la fonction de CPE dans l’établissement, "un défi passionnant à relever », explique-t-il, même s’il ne s’est pas fait sans quelques conflits.

Quels changements y a-t-il eu au collège depuis que vous êtes arrivé ? Il y en a eu beaucoup. Sur le plan de l’environnement et des structures, l’espace du collège s’est très fortement réduit tout en restant ouvert. En 1987, il n’y avait rien autour du collège si ce n’est des champs à perte de vue. Aujourd’hui des habitations ou constructions (école maternelle…) l’entourent. Cela me rappelle d’ailleurs, une anecdote. Lorsqu’il a été question de construire l’immeuble qui se trouve à droite du collège en dessous du parking des bus actuel, des élèves sont venus me trouver car ils voulaient faire une pétition contre ce projet qui empiétait sur l’espace qu’ils occupaient et qu’ils appelaient « La Plaine ». Évidemment, c’était trop tard et peu réaliste mais cela montrait qu’ils étaient attachés à cet endroit, pour des raisons pas toujours louables d ’ a i l l e u r s , qu’ils s’étaient appropriés l’espace et qu’ils voulaient le défendre. L’état d’esprit des élèves changent car il n’y a pas eu la même réaction plusieurs années après avec la disparition du terrain de football (à la place de la maternelle actuelle) a u q u e l i ls étaient aussi pourtant attachés. A l’intérieur du collège, beaucoup de salles ont été réaménagées. La SEGPA (Section d’Éducation Spécialisée qui était composée de 60 élèves) a été supprimée par les autorités et les salles de technologie, de musique, ont été déplacées et réaménagées. Les locaux de la vie scolaire, inexistants au départ, se sont agrandis et la salle Fatoma a pu être créée. Le foyer des élèves a également été déplacé à deux reprises avant d’occuper l’emplacement plus spacieux actuel. Le labo de langues a disparu avec l’arrivée de l’informatique.

Et concernant le comportement des élèves ? A l’époque, les élèves circulaient partout dans le collège sans être obligés de se ranger mais cela générait beaucoup de bruit et de bousculades. Les chaînes symboliques qui marquent l’entrée des couloirs vert et rose ont fait l’objet de débats houleux entre les adultes du collège avant leur installation. Aujourd’hui, elles font parties des murs même si elles sont souvent l’objet de transgressions initiatiques. Les adultes avaient le droit de fumer dans le collège et comme je fumais la pipe, les élèves savaient facilement me localiser avec l’odeur de celle-ci !

Y avait-il des projets pédagogiques ? Oui. Sur le plan éducatif et pédagogique, il y avait de vrais échanges linguistiques avec l’Espagne et l’Allemagne. Avec la suprématie de l’anglais dans le monde, ceux-ci ont malheureusement disparu au profit de voyages « clefs en main » qui font plus dans le consumérisme (les élèves sont moins acteurs) que dans l’échange des cultures (je vais me faire taper sur les doigts par les collègues de langues) même s’ils présentent toujours un intérêt. Les échanges qui ont eu lieu avec les Espagnols, Allemands et Russes aussi étaient d’une grande richesse. Sinon, j’ai animé longtemps le ciné club et fait venir des réalisateurs comme Claude Chabrol par exemple. Aujourd’hui, le cinéma fait parti intégrante du programme de français et les collègues ont pris la suite. Voilà quelques exemples de projets mais je pourrais en évoquer d’autres.

Y a-t-il déjà eu de graves problèmes avec les élèves ? Il n’y a quasiment jamais eu de problèmes graves. J’entends par « problèmes graves », des élèves qui se mettent gravement en danger où qui mettent les autres gravement en danger. Nous sommes dans une zone relativement privilégiée. La mixité sociale, plus importante ces dernières années avec le développement des communes du secteur, fonctionne plutôt bien même si elle engendre naturellement des situations sociales d’élèves plus complexes qui ne sont pas sans effet sur le groupe, surtout si celui-ci est important. Cet environnement favorable n’empêche pas les problématiques quotidiennes liées à l’adolescence (mal-être, recherche d’identité, rapport à l’adulte, à la loi, au groupe, etc…) d’exister mais la violence scolaire au sens large, par exemple incivilités, irrespect, etc.., n’est pas plus importante aujourd’hui qu’il y a 15 ans. Ce sont les formes de celle-ci qui évoluent en parallèle avec l’évolution de la société (esprit de compétition plus développé, cellules familiales plus éclatées, développement des nouvelles techniques de communication, etc..) et qui nécessitent que l’équipe éducative et pédagogique construise des réponses beaucoup plus collectives qu’auparavant. L’apport de partenaires professionnels extérieurs est aussi une donnée positive importante. Les élèves ici, et j’en ai vu passer beaucoup, sont plutôt sympathiques. Pris dans leur individualité, ils révèlent tous des histoires et richesses différentes mais leur immersion dans le groupe est souvent l’objet d’enjeux qu’il faut décoder, et cela peut prendre du temps, et ne se fait pas toujours sans heurts. Il y a parfois des échecs mais il y a aussi une grande satisfaction à voir des élèves arrivés au collège avec des tensions intérieures très fortes génératrices de violences et qui en ressortent quelques années plus tard, grâce à l’action de tous, beaucoup plus apaisés.

Entretien en 2013 avec M. Cordrie sur l’histoire des Potins d’Abord

Comment les Potins ont-ils évolué ? Les Potins ont évolué au fil des années en passant du noir et blanc à la couleur. En plus de 50 exemplaires, le journal en a vu des rubriques. Mais il y avait déjà eu des projets de journaux dans le collège d-ès les premières années.

Justement, quel fut le premier journal du collège ? On a retrouvé deux ancêtres : Le Canard déchainé et L’écho de Brassens. L’écho de Brassens date de juin 1989 mais on a retrouvé un troisième numéro datant d’avril 1994 avec de nombreuses rubriques. Le responsable de publication était M. Gaillard. Pour ce qui est du Canard Déchainé, malheureusement, nous ne connaissons pas sa date précise de sortie. Dans le Canard déchainé, on trouve beaucoup d ’humour, on y retrouve ainsi l’édito, les jeux, les recettes, et même des BD de Tintin !

Et ensuite il y a eu les Potins… Oui, dès 1998. J’ai tout de suite eu envie de lancer un journal avec les élèves. Au début il ne s’appelait pas les Potins mais “Bruits de Collège”. Sous le nom du journal, on aperçoit en petit la devise : « les Potins d’abord » qui deviendra le nom du journal. Trois ans après, les Potins d’abord prennent leur nouveau nom. Il comportait huit pages en noir et blanc.

Le journal a suivi l’évolution des technologies ! Oui. On a rapidement bénéficié d’un appareil photo….numérique ! Le top du top à l’époque. Et puis l’arrivée de la PAO et de l’internet !

Que trouve-t-on dans les Potins du début des années 2000 ? Dans le 28e numéro des Potins, il y a la BD des inspecteurs Victor et Hugo, qui deviendra ensuite le fameux roman photo des Potins. On y retrouve les jeux des profs bébés et les recettes du chef, appétissant ! Miam !!! Les Potins sportifs et le Mathrix ! Les Potins ont trouvé leur forme définitive, seul changera le nombre de pages qui ira jusqu’à 20 pour les numéros : 39/40/41/42…et la couleur pour toutes les pages. Aujourd’hui, on peut même lire les Potins sur Internet !

Le journal a été primé plusieurs fois ?

Oui, le journal a gagné plusieurs concours régionaux et nationaux. En 2002 : on a gagné le 1er académique. En 2003, le prix « Expression jeunes et débat » et le premier prix national J.Presse. Un article paraît dans l’hebdo des juniors En juin 2007, les Potins reçoivent le coup de cœur de l’académie et le 2e prix national de la fondation Varenne (photo). Enfin en 2010, les Potins obtiennent le Prix collégiens du concours académique et en 2012 à nouveau le prix national remis à Paris par un certain Cabu ! Un palmarès dont nous sommes très fier.